L’article explore la perception exagérée de la violence dans le football à l’approche de l’Euro 2024. Il critique la réaction médiatique alarmante et le traitement autoritaire des fans. En désignant injustement des groupes de passionnés comme hooligans, la situation réelle est masquée. La sur-police des événements sportifs entraîne des conséquences négatives pour les supporters, risquant de diminuer l’esprit du sport. L’auteur appelle à un traitement mesuré qui privilégie la liberté et la convivialité plutôt que la peur.
Les supporters de football se rendant pour l’émission Euro 2024 en Allemagne font face à un climat médiatique alarmiste, qualifiant certains d’entre eux de “hooligans néo-nazis” en raison d’une prétendue montée de la violence. Les médias britanniques, comme le Sun, relaient ces inquiétudes et provoquent une réaction autoritaire des gouvernements. Mais ces préoccupations sont-elles fondées ? La violence dans le football existe, notamment en Serbie, mais est-elle véritablement en hausse en Europe ?
Dans de nombreux pays européens, les incidents violents dans et autour des stades restent sporadiques et souvent exagérés. Des exemples récents de matchs, par exemple entre Marseille et West Ham United, sont parfois amplifiés par les médias, contribuant à une perception erronée de la situation. Comparons cette violence à celle d’antan : certains points de référence, comme les années 80 en Angleterre, sont souvent mal interprétés par ceux qui n’étaient pas témoins de ces événements.
La théorie de la “panique morale” jouée par les médias joue un rôle crucial dans cette perception fallacieuse de la montée de la violence, souvent confondue avec les comportements des « ultras », de fervents fans connus pour leur passion artistique au stade. Au lieu de cela, des groupes de hooligans restreints sont souvent associés à des mouvements d’extrême droite, créant ainsi une méprise. La montée de la commercialisation du football a également contribué à ce tableau noir
Cette dramatisation médiatique place la violence au centre d’un débat sécuritaire, amenant les autorités à justifier des mesures de sécurité accrues. La présence policière et les nouvelles réglementations montrent une escalade continue de la colère des “consommateurs”- ces téléspectateurs distants du sport. Les stades se transforment en véritables zones de contrôle, réduisant la liberté des supporters honnêtes qui veulent juste profiter du jeu.
En tant que passionné des matchs, appelé “groundhopper”, je suis souvent confronté à ces tensions inutiles. Mes déplacements à des stades à moitié vides sont frustrants en raison de restrictions d’accès, et je me trouve parfois incapable d’acheter des places même lorsque je préfère soutenir ma grande passion. La surveillance omniprésente créée en réponse à des incidents mineurs nuit à la convivialité et à l’esprit du football.
Ce système entraîne des coûts élevés pour la société. Les fans sont non seulement traités tel que du bétail dans des environnements surveillés, mais les communautés autour des stades doivent également supporter cette dynamique forcée. Des policiers équipés font le tour, créant une ambiance hostile, souvent confondant de simples spectateurs avec des hooligans potentiels.
Les matches organisés par la FIFA ou l’UEFA illustrent encore plus cette militarisation intégrée, où les lieux sportifs semblent vivre en état d’urgence, même au cœur de l’Europe. Pourtant, nous devons rappeler que des stades plus accueillants pour la diversité ne doivent pas nécessairement sacrifier la liberté des fervents supporters qui assistent aux matchs depuis des générations.
Des changements peuvent et doivent être réalisés pour équilibrer sécurité et inclusion. La recherche de preuves tangibles avant d’accepter des mesures autoritaires doit être un principe fondamental, afin que les droits de tous ne soient pas escamotés au profit de la peur d’un groupe restreint.
L’angoisse sécuritaire autour de la violence dans le football s’accompagne de conséquences néfastes pour les vrais supporters. La perception d’une montée de la violence est souvent exagérée par les médias et ne reflète pas toujours la réalité sur le terrain. Il est crucial d’exiger une approche équilibrée qui respecte les droits des fans tout en assurant leur sécurité, afin de retrouver l’essence même du football : le plaisir communal de ce sport adoré. En fin de compte, la sécurité ne devrait jamais surpasser la liberté.
Source Originale: www.theguardian.com