Alors que la panique grandit autour du retour présumé des hooligans en Europe, Cas Mudde remet en question la véracité et la portée de ces affirmations. Il souligne que la violence dans le football n’est pas nécessairement en hausse significative et que la réponse des autorités se concentre souvent sur des mesures excessivement sécuritaires et répressives. La réalité est complexe, mêlant une mauvaise interprétation des cultures de supporters et un contrôle accru des fans.
Cette saison, les supporters de football qui se dirigent vers les stades allemands pour l’Euro 2024 entendent des inquiétudes grandissantes concernant une résurgence des hooligans d’extrême droite, qui submergeraient la police à travers l’Europe. Les médias britanniques, avec leur flair pour le sensationnalisme, alimentent cette « panique morale ». Si la violence dans le football reste une préoccupation, elle est souvent exagérée et influencée par des incidents sporadiques, et non par une tendance significative de violence généralisée.
Il est essentiel de se demander si la violence est vraiment en hausse et par rapport à quelle référence temporelle. Bien sûr, les comportements des fans ont changé depuis la pandémie, mais toute comparaison avec les années 1980 et 1990 semble déplacée. Ces époques étaient marquées par une violence bien plus brutale et systématique que celle que nous observons aujourd’hui.
La perception d’une augmentation de la violence vient principalement d’une couverture médiatique qui dramatise les faits, adoptant une approche alarmiste. La culture des fans, souvent mal comprise, est confondue avec des groupes de hooligans, qui ne représentent qu’une petite partie des supporters. Cette anxiété est également accentuée par la commercialisation du football, où le spectacle prime souvent sur l’expérience vécue des amateurs du sport.
La « sécurisation » du football, où les incidents sont mal interprétés et exagérés, a entraîné des mesures de contrôle plus strictes dans les stades. Ce phénomène crée une logique où la police en grand nombre justifie la nécessité d’une sécurité accrue, même lors de matchs sans problèmes réels. Parfois, cela débouche sur la criminalisation de simples comportements tels que l’ivresse dans et autour des stades.
Les véritables coûts de cette approche retombent sur les véritables amateurs de football, souvent traités comme des criminels potentiels. Des mesures telles que des fouilles intrusives et des restrictions sur leur comportement entravent leur liberté. Les supporters, en particulier les visiteurs, subissent une vigilance policière démesurée, les transformant en cibles de cette panique sécuritaire.
Le fardeau réel de ce climat d’insécurité repose sur la société dans son ensemble, car la montée des forces de l’ordre entraîne une atmosphère pesante autour des matchs. Dans de nombreux cas, les événements de football deviennent de véritables zones de conflit, avec une distinction floue entre les hooligans et le grand public. Cela ne touche pas uniquement des nations autoritaires, mais également des pays européens.
Ceci étant dit, le football a paradoxalement posé des espaces plus accueillants pour des groupes historiquement marginalisés, grâce à un processus de gentrification et d’inclusivité accrue. Cependant, cela ne devrait pas se faire aux dépens des fans traditionnels ni par des actes qui portent atteinte à leurs libertés civiles. La solution devrait privilégier la protection des droits des individus et la véritable évaluation des menaces avant d’imposer de nouvelles régulations.
Source Originale: www.theguardian.com